/.../ C’est une accumulation de facteurs qui mène au drame final ; cultiver du Bt Cotton revient presque quatre fois plus cher qu’avec les graines traditionnelles, le rendement attendu n’est pas toujours au rendez-vous - ce coton nécessite une bonne irrigation - et enfin le prix d’achat du coton produit proposé aux cultivateurs indiens ne cesse de baisser, dépendant des cours mondiaux. Le coton américain subventionné qui arrive en Inde est jusqu’à 40% moins cher que celui produit localement, et de plus, depuis deux ans, l’Etat a réduit drastiquement sa politique d’aide publique, il ne garantit plus le rachat à prix fixes de la production des paysans indiens. Dans le meilleur des cas, la production reviendra 20% plus chère que le prix de vente. Le paysan est obligé d’emprunter sans fin, d’abord à la banque, et les banquiers refusant un nouveau prêt avant le remboursement du précédent, les paysans doivent se tourner vers les usuriers, pratiquant des taux d’intérêt exorbitants. Un étau sans merci. Cynisme complet lorsque l’on sait que les acheteurs du coton sont aussi, de plus en plus fréquemment, les vendeurs de graines… et les usuriers eux-mêmes ! La grande majorité des paysans qui ont fini surendettés et au suicide avaient opté pour le coton transgénique. « L’Inde est en train de faire place nette pour une agriculture intensive et l’industrie agro-alimentaire, en laissant mourir la petite paysannerie. La mort de cette paysannerie procède d’une négligence toute calculée, au minimum soutenue. (…) Que fait l’actuel ministre de l’agriculture, Sharad Pawar, pour les paysans ? Il veut juste nous éjecter et passer nos terres sous contrat à des compagnies américaines. » (P. Sainath, Rural Affairs Editor of The Hindu).
Finaliste du Prix PhotoEspana Ojodepez Volkswagen Award 2008, Espagne.
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