L’AUTEUR

Portrait of Johann Rousselot by Nicolas Moulard, in Sète, 2014.

Né en 1971 à Bruxelles – Membre associé de l’Oeil Public de 2001 à la fermeture de ce collectif en janvier 2010 – Actuellement représenté par la Maison de Photographes Signatures en France, et Laif/Redux pour le reste du monde – A vécu 20 ans à Paris puis s’est installé en Inde (à New Delhi) où il réside depuis 2016.

Johann cherche sans relâche à trouver toujours le bon point d’équilibre entre volonté journalistique d’informer et volonté artistique. Partir de l’actualité, le plus souvent, mais rechercher d’emblée la portée sociologique ou historique d’un sujet, avec cette constante exigeance de trouver, si possible, un rafraîchissement iconographique tout en maintenant le propos clair.


Avec un rapide coup d’oeil sur l’oeuvre de Johann Rousselot, l’ensemble peut sembler hasardeux. Mais à y passer un peu plus de temps, pourtant, une thématique obsessionnelle s’en dégage clairement : la flambée des commencements, les débuts glorieux. Le nouveau, le renouveau. Et l’espoir que ceux-ci signifient. Les promesses fraîches des ‘lendemains qui chantent’, l’excitation des départs…
Ce n’est donc pas un hasard, une fois compris cela, que la jeunesse soit si présente au travers de ses travaux. En effet, est-elle autre chose que de croire à tous ses rêves dans une légère candeur, que demain tout peut arriver, que tout est encore possible ?
Son premier projet significatif, Clubbers (1994-1995), alors qu’il est encore étudiant en photographie au Septante-Cinq à Bruxelles, nous plonge dans les premières années du mouvement musical électronique, appelé de façon générique la Techno. C’est le commencement de l’ère numérique, comme le Rock & Roll signait de ses nouveaux sons quelques décennies plus tôt l’avènement de la société post-industrielle et la libération des moeurs occidentale. L’humeur de ces années dans ces quelques clubs qu’il arpenta était joyeuse, entraînante, bourrée d’énergie positive.
Balkans – La Bête & les Belles, son second projet important, et qui est aussi celui qui lui ouvrira les portes du monde professionnel (premières parutions en presse, première récompense avec le Prix Kodak de la Critique Photographique, influence évidente sur son intégration à l’équipe du collectif Oeil Public en 2001), ne célèbre rien d’autre que les étincelles du renouveau à travers ce portrait d’une jeunesse ciblée, par une approche construite sur des diptyques où, en vis-à-vis de ces visages bulgares, serbes, bosniaques… il oppose des vues architecturales, des détails, des paysages d’influence soviétique, des codes visuels d’un vieux monde empoussiéré, celui d’avant la chute du mur de Berlin.
Avec l’argent du Prix Kodak en 2003, il s’engage en 2004 en Inde – pays qu’il connaît déjà depuis ses années d’étudiant en photographie – et aborde la nouvelle société indienne, cette nouvelle Inde dont toute la presse parle. Que d’espoirs pour les classes moyennes émergentes dans cette ère post-nehruvienne ! Il nomme ce travail India Shining, India Crying car ne faisons pas de cette thématique du renouveau un carcan ! Une conscience politique et sociale existe aussi chez l’auteur, qui fût sans nul doute aiguisée par son bain d’une décennie parmi ses camarades de l’Oeil Public.
Vers 2005, il se penche sur les congrégations évangéliques, les ‘Born Again Christians’. Nés à nouveau, voire ressuscités… tout est dit !
Très occupé avec l’Inde jusqu’en 2009, ce sera sans hésiter qu’il se lance en 2011 sur les Printemps Arabes. Ne nous étalons pas sur l’évidence même de ces deux années dans les pays concernés avec sa thématique centrale, mais notons ceci : il y développe alors une nouvelle écriture photographique, faite de collages numériques, ou ‘photojournaRTistiques’ comme il aime à dire (exposé au festival de Visa Pour l’Image en 2012). Son excitation fût donc double ; des révolutions, et un renouveau dans sa propre expression narrative.
Entre 2015 et 2016, grâce à deux bourses d’aide au financement obtenues (CNAP et AFD-Polka), il produit Now Delhi. Etrangement, on pourrait dire à propos de ce travail qu’il aborde tout l’inverse d’une thématique du renouveau ou des commencements. On peut penser que parfois un artiste a besoin d’aller taper à l’opposé de sa quête personnelle pour mieux revenir sur celle-ci ?
Johann Rousselot a aussi beaucoup, et beaucoup aimé, photographier la fête nocturne, mais seules les images du travail ‘Clubbers’ résonnent de manière évidente avec la thématique-coeur. Alors pourquoi cette passion pour la nuit de fête ? Sans tirer la chose par les cheveux, l’oubli qu’offrent la nuit et la fête sont très certainement un raccourci vers le renouveau, vers un petit re-démarrage. Ou alors peut-être est-ce que la fête aide à éviter la routine, la déception, le train-train d’une vie normalisée ? Or ce qui fait l’emballement des nouveaux départs, c’est justement qu’une routine ne s’est pas encore installée.

Prix, Bourses & Distinctions
Expositions
  • 2016, Now Delhi, exposition solo, Maison Européenne de la Photographie, Paris, France
  • 2014, Colères, exposition solo, festival Noorderlicht, Hollande
  • 2014, Phallocracia (Egypte), exposition solo, festival Images Singulières, Sète, France
  • 2014, Vert comme l’Enfer (Libye), exposition solo, Art Souterrain, Montreal, Canada
  • 2013, Révolutions Arabes, exposition collective, Dunkerque, France
  • 2013, Colères, exposition solo, iReMMO (Institut de Recherches Méditerrannée Moyen-Orient), Paris, France
  • 2012, Colères, exposition solo, Festival du Photojournalisme Visa pour l’Image, Perpignan, France
  • 2012, Révolutions Arabes, exposition collective, Hôtel de Région de Marseille
  • 2011, True Defiance, Amnesty International, exposition collective, Photomonth London
  • 2011, Letters from Europe, exposition collective, Koldo Mitxelena Cultural Centre, Donostia San Sebastian, Espagne
  • 2011, Colères, projection au festival Images Singulières, Sète, France
  • 2010, Dignité, exposition collective de l’agence Oeil Public avec Amnesty International, Mairie de Paris, France
  • 2009, The Megapolis Tour – Bombay, exposition solo, Galerie Seven Star, Berlin, Allemagne
  • 2008, India Shining India Crying, exposition solo, Galerie Bose Pacia, Calcutta & Galerie Romain Rolland, New Delhi, Inde
  • 2007, India Shining India Crying, exposition solo, Festival International du Scoop et du Journalisme, Angers, France
  • 2007, India Shining India Crying, exposition solo, Festival Tops, Cheniang, Chine
  • 2007, projection de India Shining India Crying, Festival du Photojournalisme Visa pour l’Image, Perpignan, France
  • 2005, Oeil Public : 10 ans, exposition collective, Festival du Photojournalisme Visa pour l’Image, Perpignan, France
  • 2005, Nuit Indienne, Festival Chroniques Nomades, Honfleur, France
  • 2004, France ô ma France, exposition collective de l’Oeil Public, Festival de Lectoure, France
  • 2003, projection de Balkans ! La Bête & les Belles, Festival du Photojournalisme Visa pour l’Image, Perpignan, France
  • 2001, Balkans ! La Bête & les Belles, exposition solo, Centre Culturel Français, Sofia, Bulgarie.
Collections
Edition
  • 2014 : The Other Hundred Entrepreneurs – 100 Faces Places Stories, Oneworld Publications.
  • 2010 : Oeil Public : 15 ans d’histoires, Democratic Books.
  • 2010 : Dignité, Droits Humains et Pauvreté, ouvrage collectif, Editions Textuel.
  • 2009 : The Megapolis Tour – Bombay, Gestalten.
  • 2009 : This Day of Change, ouvrage collectif, Kodansha Publisher & Courrier Japan.
  • 2008 : Alchemy of Iniquity, Resistance and Repression in India’s Mines, edition Panos South Asia.
  • 2008 : India Now: Nouvelles visions photographiques de l’Inde contemporaine, ouvrage collectif, Thames & Hudson et Editions Textuel.
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